École de Lesconil | Commune de Plobannalec-Lesconil |
Le Relevé Général des Constructions Scolaires, établi pour la période de 1878 à 1885, indique le coût de l’école et les subventions accordées.
Décision du | 23/05/1884 |
Montant du projet | 8 000,00 F |
Financement | |
par la commune (Caisse des écoles) | 0,00 F |
par la commune (autres ressources) | 0,00 F |
par le département | 0,00 F |
subventions de l’État | 8 000,00 F |
Coût réel | 8 000,00 F |
L’école ouvre en août 1884.
en 1886 | en mai 1888 | |
Nombre de classes | 1 | 1 |
Nombre de places | ? | 52 |
Nombre d’élèves | 72 | 70 |
• Eugénie Gillette Le Griguer (née Le Gars) est née le 17 mai 1855 à Pontrieux (22). Le 29 août 1884, à 29 ans, elle est nommée institutrice publique à l’école de Lesconil. Elle quitte l’école de Lesconil entre 1904 et 1906.
L’école est prévue pour accueillir 52 élèves. Mais dès 1886 elle accueille 72 enfants. En 1900, ils sont 108.
Louis Coudurier, rédacteur en chef de La Dépêche de Brest, rédige un article le 13 février 1900 sur l’école républicaine et en particulier sur la situation de l’école de Lesconil.
En effet, 200 parents ont signé une pétition où ils exposent « l’état lamentable de l’école ».
Une nouvelle école ouvre quelques années plus tard.
La République a fait des sacrifices considérables pour l’enseignement primaire. Même, certaines gens aux idées rétrogrades ne manquent point de lui reprocher les dépenses effectuées dans le but de répandre partout l’instruction, de mettre la lumière partout où régnait l’ignorance.
Combien de fois n’avons-nous pas entendu ceux-là gémir de toute leur âme sur le prétendu gaspillage des deniers publics, et conclure à peu près en ces termes :
— Tout cela, hélas ! pour bâtir d’inutiles palais scolaires, d’un luxe inutile, superflu, scandaleux !
L’Ecole républicaine, étant le meilleur foyer d’émancipation pour la démocratie, méritait bien ces malédictions et ces foudres. Fort heureusement, les clameurs intéressées se sont perdues dans le vide. L’œuvre commencée avec la loi de 1838, prescrivant que toute commune doit avoir une école, a été, après des fortunes diverses, reprise et complétée par les hommes de la troisième République et notamment par Jules Ferry, dont le nom est inséparable de notre législation scolaire intangible.
M. Bayet, directeur de l’enseignement primaire au ministère de l’instruction publique, le rappelait dans une conférence récente. Il disait aux républicains leurs devoirs envers l’école, il leur conseillait à tous d’user de leur influence sur ceux qui n’envoient pas leurs enfants à l’école.
Une bonne parole, un sage conseil, ajoutait-il, peuvent faire beaucoup plus qu’un règlement. Et, dans cette œuvre, il ne faut pas se décourager, car c’est dans les écoles que se fait la France de demain.
Les progrès considérables de l’instruction primaire constatés par l’honorable directeur du ministère ne sauraient cependant nous permettre d’oublier qu’il reste encore beaucoup à faire, si l’on veut surtout soutenir une lutte chaque jour plus critique contre les écoles congréganistes. Car il se produit ce fait très curieux qu’après avoir si vivement reproché à la République le luxe de ses écoles, les adversaires de l’enseignement par l’Etat se sont mis à élever, à leur tour, de véritables palais scolaires qu’ils mettent maintenant à la disposition d’une clientèle nombreuse.
À tous points de vue, il serait donc périlleux de s’endormir dans la contemplation béate des résultats acquis. Gardons-nous d’une sécurité trop complète qui, à la longue, pourrait porter un préjudice grave à l’œuvre républicaine.
S’il a beaucoup été fait, il reste encore beaucoup à faire, et il suffit d’avoir parcouru un peu nos contrées pour reconnaître que beaucoup de nos petits écoliers de la campagne bretonne n’ont pas à leur disposition ce fameux « palais scolaire ».
J’ai sous les yeux une pétition des habitants d’une localité du Finistère où les écoliers sont loin de connaître tant de luxe. Dans cette pétition, les pères de famille de Lesconil exposent l’état lamentable de leur école primaire. La seule et unique classe, disent-ils, mesure 11m 30 de longueur, 4m 60 de largeur, 2m 40 de hauteur. Elle est aérée et éclairée par trois petites fenêtres.
Il y a là-dedans cent huit élèves !
Le mobilier est à l’avenant de l’immeuble.
Le matériel est même insuffisant, déclarent les deux cents signataires de la pétition. Mme Le Griguer, directrice, est obligée de fournir bancs et sièges, qu’elle retire de son intérieur pour faire asseoir ses élèves ; elle en a même deux assis de chaque côté de son bureau, et ces enfants n’ont pas de table.
Mme la directrice, malgré tout son zèle et tout son dévouement, est réduite, aujourd’hui, à refuser tout enfant qui se présentera à l’école. Il y a bien, nous le savons, l’école du bourg ; mais cette école est située à quatre kilomètres de Lesconil, et vous connaissez les désagréments qui surgissent à chaque instant.
Les enfants, plus ou moins dociles, partent à l’école, les uns y arrivent, les autres maraudent, alors que les parents les croient tranquillement à l’école.
L’inconvénient des intempéries dans ce pays, situé au bord de la mer, les enfants partent, par le beau temps ; en route, survient une ondée et l’enfant est mouillé pour la journée.
L’ennui d’envoyer son enfant, avec le tracas du repas, dans ces pays pauvres, où la nourriture coûte peu à la maison, devient onéreuse pour les parents, lorsqu’il faut les nourrir dehors.Il semble difficile d’imaginer une situation plus intéressante que celle de la population scolaire de cette petite localité bretonne. L’appel des pères de famille de Lesconil sera entendu ; ils ne réclament pas un « palais » — mais qu’on leur donne au moins pour leurs enfants un abri où soient respectées les lois les plus élémentaires de l’hygiène.
Louis COUDURIER.
L’école actuelle fonctionne dans de nouveaux bâtiments. À la rentrée 2018/2019, elle accueille 99 élèves [1].
L’ancien bâtiment est reconverti et occupé par le Comité d’entreprise Total.