Les deux programmes importants de construction d’écoles de hameaux lancés dans les années 1880 dans le Finistère ont mobilisé les forces politiques et administratives du département.
Plusieurs préfets et inspecteurs d’académie se sont succédé pour leur mise en œuvre. Ils mobilisent également des conseillers généraux et des inspecteurs primaires. Des commissions sont mises sur pied pour mener à bien les projets.
Dans notre article le « préfet » est souvent cité et, sauf M. Lagrange de Langre, n’est pas nommé, ceci parce que nous n’avons pas trouvé leur nom dans les archives consultées.
Wikipédia donne une liste des préfets du Finistère.
Cette période connaît un turn-over préfectoral impressionnant ! Pas moins de 8 préfets ont eu à mener ces deux projets, depuis la circulaire du 15 juin 1876 à la mise en service des écoles, soit successivement :
• Albert Souvestre ;
• Jean Marie Félix Cottu ;
• Albert Souvestre ;
• Paul Dumarest ;
• Gilbert Le Guay ;
• Gustave Henri Cothereau (intérim) ;
• Léon Paul Lagrange de Langre ;
• Jean Joseph Arthur Gragnon ;
• Jean Louis Émile Reboul.
Nos recherches sur internet nous ont fait découvrir également le site http://maires.plozerche.fr/ListePrefet sur lequel vous pouvez trouver une liste des préfets du Finistère de 1800 à 1900 ainsi qu’une recherche sur chacun d’eux.
En mettant en relation les dates de fonction de chacun et celles de l’évolution des deux projets de construction, on constate que la mise en œuvre de ces programmes a été surtout assurée par les préfets Lagrange de Langre, Gragnon et Reboul.
Voici quelques éléments de carrière les concernant, obtenus principalement sur la base de données Léonore des Archives nationales, sur laquelle sont inscrites les personnes décorées de la Légion d’honneur.
• Léon Paul Lagrange de Langre, préfet, est né le 18 juin 1830 à Paris (2e ancien). Il a débuté sa carrière le 8 octobre 1870 en qualité d’intendant administrateur de l’Armée et obtenu le grade de chevalier de la Légion d’honneur le 9 mai 1873, puis le grade d’officier le 18 janvier 1881 alors qu’il est préfet à Quimper, et celui de commandeur le 3 décembre 1885 LH/1442/72. Conseiller-maître honoraire à la Cour des Comptes, conseiller général du Calvados, M. Lagrange de Langre est décédé le 12 mars 1909 à Paris (7e).
• Jean Joseph Arthur Gragnon, préfet, est né le 30 mars 1844 à Libourne (Gironde). Il a mené une carrière préfectorale, tout d’abord secrétaire général de préfecture, puis sous-préfet et enfin préfet. Il a également été distingué dans l’ordre national de la Légion d’honneur : chevalier le 9 juillet 1883 alors qu’il est préfet du Finistère puis officier par décret du 30 mars 1885 LH/1184/70. Nommé le 10 juillet 1882 préfet du Finistère, il a quitté Quimper en novembre 1883 pour la préfecture de police de Paris.
• Jean Louis Émile Reboul, préfet, est né le 18 novembre 1836 à Peyrenade (Gard). Il a été sous-préfet puis préfet dans plusieurs départements. Il a été également directeur des Journaux Officiels. Nommé le 29 novembre 1883 à Quimper il y est resté jusqu’au 18 novembre 1885. Il a été distingué chevalier de la Légion d’honneur par décret du 13 juillet 1881 puis officier par décret du 6 janvier 1890 LH/2277/012. Il est décédé à Paris (
Trois inspecteurs d’académie ont eu à connaître ce dossier.
Ce sont :
• M. Stanislas Blain, inspecteur d’académie à Niort, nommé à Quimper par arrêté du 4 mai 1876, où il reste jusqu’en 1879 ;
• M. Charles-Armand Loiret, inspecteur d’académie à Périgueux, qui lui succède (arrêté du 14 juin 1879) mais ne reste qu’un an ;
• M. Alexandre-Auguste Dreux : c’est ce dernier qui a principalement assuré la mise en œuvre des 2 programmes de construction.
Alexandre-Auguste Dreux est né le 15 novembre 1826 à Neuillé-Pont-Pierre (Indre-et-Loire). Professeur agrégé de rhétorique depuis le 25 septembre 1860, il est en poste au lycée d’Alençon lorsqu’il est nommé inspecteur d’académie le 9 octobre 1880 à Quimper. Il y est toujours en fonction lorsqu’il obtient la Légion d’honneur (grade de chevalier) par décret du 12 juillet 1887 rendu sur rapport du Ministre de l’Instruction publique LH/803/2, base Léonore des Archives nationales.
M. Dreux est décédé le 12 janvier 1899 à Chantenay-sur-Loire (Loire-Inférieure).
Des commissions ont été mises en place pour assurer la mise en œuvre des deux projets de construction.
Tout d’abord à Quimperlé : grâce aux lettres et rapports de l’inspecteur primaire Maupin, nous disposons de nombreuses informations sur la mise en place des écoles de hameaux dans cet arrondissement. Sa lettre du 5 juillet 1879 nous apprend que dès le 19 novembre 1878 le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts a donné à l’inspecteur d’académie du Finistère son accord pour le lancement d’un projet de création de 18 écoles de hameaux sur l’arrondissement de Quimperlé « à titre d’essai ».
La Commission chargée de la mise en place du projet est désignée deux mois plus tard, le 11 janvier 1879. Elle est composée des membres suivants :
• Un président : M. Corentin Guyho, député ;
• Deux vice-présidents : l’inspecteur d’académie et le sous-préfet de l’arrondissement ;
• Un secrétaire-trésorier, M. Maupin lui-même ;
• Des notables choisis dans les communes répondant aux critères d’implantation des écoles.
Le 8 novembre 1881, un arrêté ministériel demande que soit constituée une « Commission départementale pour la surveillance des travaux de construction des maisons d’école ».
Pour le Finistère, l’inspecteur d’académie propose au Préfet la composition suivante :
• M. Dreux, inspecteur d’académie, président ;
• M. Astor, conseiller général ;
• M. Fénoux, ingénieur en chef du département ;
• M. Bigot (fils), architecte du département ;
• l’inspecteur primaire de l’arrondissement ;
• M. Kerautret, architecte à Douarnenez, contrôleur-rapporteur des bâtiments scolaires.
Ont ainsi siégé dans les commissions en charge des écoles de hameaux :
• Corentin Léonard Marie Guyho, conseiller général, né le 8 juin 1844 à Jonzac (Charente-Maritime). Docteur en droit, il a mené une carrière juridique et s’est également investi dans la politique. Il a été conseiller général dans l’arrondissement de Quimperlé et député du Finistère. Il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 31 décembre 1904 LH/1251/67. Corentin Guyho est décédé le 27 août 1922 à Riec-sur-Bélon (Finistère).
• Joseph Astor, conseiller général, est né le 27 juin 1824 à Ajaccio (Corse). Diplômé de Saint-Cyr, il a entamé une carrière militaire, qu’il a quittée en 1855. Il s’est fortement engagé dans la vie politique du Finistère puisqu’il a été conseiller général, maire de Quimper, ainsi que sénateur du Finistère. Il a obtenu la Légion d’honneur, dans les grades de chevalier par décret du 4 février 1880 et d’officier par décret du 30 décembre 1886 LH/2776/9. Joseph Astor est décédé en 1901.
Instituteur à Landerneau, Eugène Maupin devient inspecteur primaire à Quimperlé où il a joué un rôle important dans la mise en place du programme d’écoles de hameaux dans l’arrondissement. Membre de la commission chargée du dossier, secrétaire et trésorier, son investissement apparaît dans ses écrits.
Dans ses rapports, M. Maupin dit combien il a été difficile de négocier la construction d’écoles de hameaux à Moëlan-sur-Mer et à Clohars-Carnoët. C’était en effet une période délicate pour l’enseignement public, et il semble qu’être inspecteur primaire n’était pas de tout repos !
C’est ce que nous montre le récit d’événements qui ont eu lieu en décembre 1882 à Moëlan-sur-Mer...
Les faits, que relatent des journaux de l’époque et qu’on peut lire sur un article de Wikipédia et sur le site de l’association Mémoires et Photos de Moëlan, ont concerné l’école communale confiée à des instituteurs congréganistes. En nommant par intérim un instituteur public pour suppléer un instituteur congréganiste défaillant, l’inspecteur primaire a, par sa décision, déclenché l’ire du conseil municipal et un mouvement de protestation des pères de famille.
La consultation des Archives départementales de Haute-Marne et d’Ille-et-Vilaine ainsi que celles de la base RECIF du Centre Généalogique du Finistère nous permet d’en savoir plus sur l’homme.
Romain Eugène Maupin est né le 1er avril 1839 à Aubepierre-sur-Aube (Haute-Marne), s’est marié le 7 septembre 1864 à Morlaix à Floriande Cécile Marguerite Le Goff, née le 23 avril 1840 à Plougastel-Daoulas. Ils ont 5 enfants, nés entre 1865 et 1882.
Sur l’acte de décès de son épouse le 9 janvier 1916 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), il est indiqué qu’elle est veuve. Nous n’avons pas trouvé sa date de décès.